La pandémie de Covid-19 causée par le SARS-CoV-2 a stimulé le développement de vaccins très efficaces qui ont été produits à une vitesse sans précédent grâce à l’utilisation de nouvelles technologies. Aucune alerte de sécurité majeure, hormis de rares cas d’anaphylaxie, n’avait été signalée lors des premiers essais qui ont concerné des dizaines de milliers d’adultes, et le risque d’effets indésirables graves est resté remarquablement faible après la vaccination de plus de 1 milliard de personnes dans le monde. Il n’est pas surprenant que des rapports de réactions exceptionnelles soient maintenant décrits à mesure que le nombre d’individus vaccinés augmente.

Des enquêtes montrent qu’environ la moitié des Français (dont une partie du personnel de santé : infirmières, aidessoignantes) hésitent encore à se faire vacciner contre la Covid-19. Certes, l’hésitation vaccinale était depuis longtemps largement répandue en France, mais l’absence initiale d’enthousiasme des autorités, les positions de certaines sociétés savantes amplifiées par les réseaux sociaux et les médias n’ont rien amélioré.

Le manque de vaccins en Europe, lié aux retards de développement de certains vaccins, voire à leur arrêt, ou aux difficultés de fabrication de certains autres, auquel s’ajoutent les problèmes logistiques habituels de l’administration française, constitue maintenant la raison essentielle du retard des programmes de vaccination en France.

Aux maladresses et incidents initiaux autour du vaccin AstraZeneca (cafouillage de la demi-dose plus “efficace” que la dose pleine, réputation initiale d’une moins grande efficacité, fréquence des épisodes fébriles au décours de la vaccination chez les sujets jeunes, modification d’intervalle entre les doses, retards successifs de livraisons), est venu s’ajouter un signal sérieux de pharmacovigilance. En effet, des événements rares mais graves de thromboses veineuses atypiques cérébrales, splanchniques, associées à des thrombopénies et des épisodes de coagulation intravasculaire disséminée (CIVD) ont été rapportés. Ceci n’a fait qu’accentuer l’hésitation vaccinale en Europe en général, et en France en particulier. Pourtant, nous observons l’émergence de nouveaux variants plus contagieux. Outre le variant anglais (B.1.1.7), déjà largement prédominant en France comme dans toute l’Europe et en Israël, circulent aujourd’hui d’autres variants, suspectés d’échapper à l’immunité spécifique, acquise par une infection précédente due à un virus historique ou par la vaccination. Il s’agit des variants sudafricain, brésilien et maintenant indien. Les dernières vagues épidémiques observées dans différents pays (Angleterre, Europe, Israël, Brésil, Inde) sont toujours liées à l’émergence d’un ou de plusieurs variants plus transmissibles associés à un relâchement des mesures d’hygiène, phénomène bien compréhensible du fait de la durée de la pandémie.

Sans programme de vaccination extensif, cette situation sanitaire risque de durer des années. Nous sommes dans une course pour enrayer la diffusion des variants, course que nous ne pourrons gagner que grâce à une vaccination intensive : nous devons vacciner, en fonction de la disponibilité des vaccins, le plus de personnes possible, le plus rapidement possible. Mais la vaccination seule ne suffira pas : il faut prévoir de maintenir les mesures barrière actuelles en prévoyant avec prudence leur levée progressive ; limiter une réplication extensive des virus qui favorise l’émergence des mutants ; utiliser de façon judicieuse les autotests et contrôler rigoureusement les frontières avec les pays où l’épidémie flambe et où des mutants préoccupants circulent. Plusieurs pays ont déjà pu, grâce à la combinaison de ces outils et des campagnes de vaccination à grande échelle, vacciner une grande majorité de la population à risque et obtenir des résultats d’“effectiveness” (efficacité en vie réelle) impressionnants leur permettant une sortie rapide des effets de la pandémie

AuteursR. Cohen, M. Lefebvre, O. Launay, D. Pinquier, I. Hau, C. Weil-Olivier, P. Bégué, P. Bakhache, M.A. Dommergues, V. Dufour, J. Gaudelus, H. Haas, O. Romain, G. Thiebault, F. Vie le Sage, C.A. Siegrist.
Pour Infovac-France (www.infovac.fr), plateforme d’information sur les vaccinations

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La lettre du pneumologue – Avril 2021
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