SOURCE : P. Lechat | La Lettre du Pharmacologue 2016
En 2014, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee, www.insee.fr) estimait que 18% de la population française avait plus de 65 ans. De plus, 84% des patients de plus de 65 ans présentent plus de 2 maladies chroniques (1). Les patients âgés sont souvent dans une situation de multiples pathologies et polymédiqués (2).
Le nombre de prises médicamenteuses augmente ainsi avec l’âge : 3,3 médicaments à 65-74 ans, 4 médicaments à 75-84 ans, 4,6 médicaments pour les plus de 85 ans (3). Cette polymédication est responsable d’un nombre important de prescriptions médicamenteuses potentiellement inappropriées (PMI), ainsi que de potentielles interactions médicamenteuses (4). Ces interactions médicamenteuses concernent principalement les médicaments du système cardiovasculaire (inhibiteurs de l’enzyme de conversion [IEC], diurétiques, etc.), les antibiotiques, les benzodiazépines et les anticoagulants (4). Les patients âgés peuvent aussi présenter un déficit cognitif qui peut compromettre l’observance, et donc l’efficacité, des traitements (5, 6). Par ailleurs, la prévalence de l’insuffisance rénale chronique (IRC) est élevée chez ces patients. Aux États-Unis, le débit de filtration glomérulaire (DFG) est inférieur à 60 ml/mn/1,73 m 2 chez 30,1 % des sujets âgés (7). Cette IRC pose la question de l’adaptation posologique. En effet, l’IRC est responsable de modifications pharmacocinétiques, et il est nécessaire d’ajuster la posologie des médicaments chez ces patients afin d’éviter une accumulation et la survenue d’effets indésirables doses-dépendants.
L’IRC est souvent sous-diagnostiquée, et 87,7 % à 98,0 % des patients IRC ignorent qu’ils le sont (8-10), ce qui les expose à un mésusage et à des effets indésirables.
Il est nécessaire d’optimiser la prescription de médicaments chez les personnes âgées grâce à une approche interprofessionnelle impliquant les médecins, les pharmaciens et les patients, et par des conseils pratiques afin d’améliorer la prescription et de réduire le risque iatrogène.