Rares sont les articles médicaux sur la prise en charge en milieu carcéral. L’article des Docteurs Didier TOUZEAU et Fadi MEROUEH sur les traitements des personnes détenues présentant un trouble de l’usage des opioïdes nous permet de découvrir l’évolution de la prise en charge thérapeutique en prison, avec les mêmes valeurs de Bon Usage du Médicament que pour tout autre patient, malgré la complexité fréquente des situations rencontrées.

Il était intéressant de faire un peu d’histoire avec Didier TOUZEAU, sur l’évolution de la prise en charge médicale en prison. Jeune psychiatre à l’hôpital Saint Anne dans les années 80, il prend un poste dans le nouveau service appelé CMPR (Centre Médico Psychologique Régional) dirigé par le Dr Jacques Laurans qui vient d’être créé à la prison de Fresnes. Découvrant la situation des toxicomanes doublement emprisonnés dans un espace fermé, persécutés par les co-détenus et les gardiens et seulement traités avec des barbituriques. Ces usagers de drogues n’étaient pas considérés comme des patients, comme c’était le cas aussi à l’extérieur et la pratique médicale en prison était alors mal estimée par le corps médical, jugée comme étant normalisatrice et les médecins étaient considérés comme complices du personnel carcéral. Il était impensable d’imaginer pouvoir exercer de façon libre dans ce contexte.

Evolution de la prise en charge médicale en prison

L’arrivée de Robert Badinter au Ministère de la Justice a tout changé en instituant notamment des unités psychiatriques (S.M.P.R.) dépendant non de la direction de la prison mais d’un hôpital psychiatrique (C.H.S.). Cette mission médicale visait à intégrer la prise en charge médicale des détenus dans la médecine hospitalière et ouvrait cet univers fermé à une médecine plus éthique plus respectueuse des Droits de l’Homme.

Didier Touzeau se rendait chaque matin à Fresnes et la consultation ne désemplissait pas. Plus de 30 patients attendaient la consultation à la chaîne, pour toutes sortes de raisons médicales et psychiatriques. Cette unité dépendait alors de l’Hôpital de Villejuif.

Tous les matins, à la première heure, s’imposait la visite du mitard où étaient enfermés ceux qui présentaient des situations les plus dures sur un plan psychiatrique.

La prise en charge des usagers de drogues était, selon les normes en vigueur, un sevrage avec une association du clorazepate, du dextroproxyphène et de la viscéralgine forte et on les revoyait au bout d’une semaine. Les traitements de substitution ont été un tournant, d’abord avec la méthadone et ensuite avec la buprénorphine haute dose.

Actuellement les structures médicales (UCSA) sont rattachées à un hôpital de proximité et des CSAPA en milieu pénitentiaire sont plus spécialisés sur un plan addictologique.

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